Photo bio

Heron Tower, Londres, 2011

Famille

Gilda, Hadrien et Flavien, Venise, 2009

Né au milieu du siècle (1950), au milieu de deux sœurs, enfance et jeunesse passées entre le Sud-Ouest et le Sud-Est (ce qui donne le goût de la géographie), orphelin de mère à huit ans, de père à onze, d’un père ingénieur des arts et métiers qui exerça dans le génie civil et eut tout juste le temps de montrer à son fils les ponts et barrages qu’il avait construits, ce qui suffit à expliquer que je prenne à la lettre la belle expression d’« ouvrage d’art » et ce qui suffit à comprendre mon amour de l’architecture de béton, brut de décoffrage de préférence, ainsi que Le Corbusier l’a hissée au rang de matière d’art, à La Tourette par exemple, visitée dès 1964 avec le curé du village, où j’ai eu la révélation de la sainte Trinité (Corbu, l’architecture et le béton). On devrait d’ailleurs pouvoir pardonner à Le Corbusier le Plan Voisin ou la Charte d'Athènes pour nous avoir donné La Tourette, et aussi ne seraient-ce que l'Unité d'habitation de Marseille, Ronchamp et Chandigarh (certes, toutes œuvres des années cinquante) ; enfin, je me découvre souvent à regretter le temps de l’architecture d’ingénieur (Nervi à l’EUR et au CNIT, Gillet et Sarger à Royan ou Utzon et Arup à Sydney), quoique les architectures les plus virtuoses de Nouvel, Herzog & de Meuron ou Koolhaas redonnent à l'ingénieur une place éminente.

Je suis donc de ceux chez qui l'architecture a pris la relève du sacré et qui sont persuadés qu’elle peut être une entreprise d’« édification ». Pourquoi alors ne suis-je pas entré dans les ordres de l’architecture, au lieu d'en faire bien plus tard mon objet d'étude préféré ? Parce que, à quinze ou dix-sept ans, j’ignorais encore l’existence d’un tel métier et, plus tard, parce que l'architecture implique un engagement et une responsabilité dont je me sentais incapable. Des architectures, des villes et des campagnes j'ai préféré contempler les paysages, à un moment où seuls les géographes s’y intéressaient, d'où des études de géographie, le goût pour le paysage portant aussi, classiquement, à la peinture et à la photographie. Artiste inaccompli, amateur en peinture, en photographie et en architecture et sociologue… par défaut ?

Car il faut préciser que ma rencontre avec la sociologie commença par une rencontre avec Henri Raymond lors d’une visite… de la Villa Laroche en 1972. Mon destin avec Corbu était donc scellé, malgré les vives critiques de Henri envers Charles-Edouard. En tout cas, c’est bien de l’analyse de l’architecture habitée que m’est venue l’étude des manières d’habiter avant d’en arriver à un croisement avec la conception architecturale, sans jamais toutefois oser écrire sur Le Corbusier. Non pas tant en raison du flot d’écrits de corbuséologues éminents que parce qu’il faudrait alors désacraliser le Grand Horloger. Or, ce n’est pas à mon âge que l’on change de religion.